Secteur agroalimentaire - leurs profits avant notre santé et celle de la planète | Wisefins

Au cours des dernières années, le système alimentaire mondial a fait l’objet de nombreux rapports visant à démontrer que la production, la commercialisation et la consommation des aliments, telles que pratiquées actuellement, menacent la santé humaine et la stabilité de notre planète. Les industriels, en privilégiant la productivité et la rentabilité, ont placé leurs intérêts financiers avant notre santé et celle de la planète. Pouvons-nous encore avoir confiance en l’industrie agroalimentaire ? Wisefins s’est interrogé pour vous.

 

L’alimentation, cause majeure de mortalité

Manger est aujourd’hui source de plaisir et d’inquiétude. L’alimentation industrialisée, qui a permis de nourrir en quantité suffisante l’Occident, nous a poussé à surconsommer et à fermer les yeux sur la qualité des produits qui se trouvent dans nos assiettes. L’industrie agroalimentaire et les supermarchés, derrière des slogans et des stratagèmes marketing bien rodés, nous poussent à consommer aveuglément. Saviez-vous que l’alcool était dangereux pour la santé et que fumer pouvait tuer ? Evidemment. Ce sont des slogans, des informations qui nous sont communiquées depuis des années. Or, aviez-vous conscience qu’un mauvais régime alimentaire pouvait présenter un risque plus élevé que celui causé par des rapports sexuels non protégés, les drogues, l’alcool, et même le tabac réunis ? En France, l’alimentation est une cause majeure de mortalité, car les dérèglements métaboliques comme l’excès de poids, hyperglycémie, hypercholestérolémie et hypertension sont impliqués dans 26 % des décès. Plusieurs scandales alimentaires ont alerté l’opinion publique sur les risques sanitaires associés à notre alimentation comme ce fut le cas de la « vache folle » qui continue d’influencer les consommateurs 15 ans après. Pour autant, une personne sur dix tombe encore malade chaque année en mangeant. Ce n’est pas étonnant ! Les légumes font des kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes et certains d’entre eux perdent près de la moitié de leur teneur en vitamines seulement 48 heures après leur récolte. Les pesticides utilisés dans l’agriculture altèrent également la qualité de nos aliments. Il arrive même que ces pesticides se retrouvent dans l’eau potable des années après leur interdiction, comme c’est le cas pour l’atrazine. Nos choix alimentaires sont bien évidemment aussi en cause. En France tout particulièrement, nous consommons de la viande en très grande quantité bien que nous ayons conscience du danger que cela représente. Les conditions d’élevage dans des systèmes où les animaux vivent entassés, sont propices à la transmission de bactéries pathogènes telles que l’E. Coli ou même la salmonelle connus pour provoquer des gastro-entérites et dans certains cas extrêmes, des décès. Les aliments transformés, eux, passent par des procédés qui détruisent tout élément nutritif. Les industriels y rajoutent de l’eau pour gagner en poids ainsi que des conservateurs et du sucre en très grandes quantités. C’est l’opposé exact d’une alimentation saine, mais qui répond, hélas, à des besoins de simplicité, rapidité et aussi à des besoins économiques. En effet, la prévalence des maladies liées à l’alimentation est souvent liée à notre pouvoir d’achat. Les produits premiers prix sont trop souvent de qualité nutritionnelle médiocre. La tendance actuelle prouve que l’alimentation représente une part de plus en plus faible de notre portefeuille, soit 17% aujourd’hui contre 30% dans les années soixante. Nous devons davantage nous informer pour nous nourrir à défaut de tout simplement manger.

 

L’alimentation de masse, un danger pour la planète

Le modèle agroalimentaire que nous connaissons aujourd’hui favorise la productivité et la rentabilité. Quel en est le prix à payer pour notre planète ? De la production des aliments jusqu’à leur consommation, notre système alimentaire contribue grandement au réchauffement climatique. Le secteur agroalimentaire est le quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre. L’utilisation d’engrais et de pesticides, la consommation globale d’énergie, la dégradation des sols, la consommation d’eau lors de la transformation des produits, la pollution des moyens transports, le stockage, la conservation, sont autant d’étapes qui nuisent à notre environnement. Dans les grandes surfaces alimentaires, la réfrigération représente à elle seule 40 % des consommations d’énergie. Nos choix alimentaires, guidés par les industriels, alourdissent ce bilan. Nous mangeons plus gras, plus sucré et davantage de protéines animales, qui sont reconnues pour émettre plus de gaz à effet de serre que les protéines végétales. Nous cuisinons moins, par faute de temps ou d’envie, et consommons en plus grande quantité des produits transformés tels que les plats surgelés ou les plats issus de la restauration rapide. Cette nouvelle tendance, bien que moins contraignante pour les consommateurs, est néfaste pour l’environnement puisque la transformation, le conditionnement et la réfrigération des produits consomment beaucoup d’énergie, mais aussi de matières premières telles que celles nécessaires pour l’emballage de ces repas. Nous achetons de tout en toutes saisons. Des fruits et des légumes sont maintenant accessibles à n’importe quelle saison de l’année entrainants une culture sous serres chauffées qui émettent 10 à 20 fois plus de gaz à effet de serre qu’une culture en plein champ. Les pesticides utilisés dans le secteur agroalimentaire alourdissent cette crise écologique. La France est le 1er consommateur de pesticides en Europe et le 3ème au niveau mondial. Loin de diminuer malgré certaines interdictions, les ventes de pesticides n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Les conséquences environnementales sont désastreuses : pollution des sols, pollution de l’eau et destruction de la faune et de la flore puisque l’agriculture massive est à l’origine de 80% de la déforestation mondiale. A titres d’exemples, la production d’huile de palme entraîne une importante déforestation et menace d’extinction les orangs-outans à Bornéo. La production de soja est issue à 20% de terres illégalement déboisées. La pêche massive impacte la quantité de saumons, de thons ou d’autres poissons qui deviennent de plus en plus rares. La terre a du mal à reprendre son souffle et la culture intensive altère de manière irrémédiable son fonctionnement. first consumer of pesticides in Europe and the third in the world. Far from decreasing despite certain bans, pesticide sales have not stopped increasing in recent years. The environmental consequences are disastrous: soil pollution, water pollution and destruction of fauna and flora since massive agriculture is the cause of 80% of global deforestation. For example, the production of palm oil causes significant deforestation and threatens the extinction of orangutans in Borneo. The production of soybeans comes from 20% of illegally deforested land. Massive fishing impacts the quantity of salmon, tuna, and other fish that are becoming increasingly rare. The earth is struggling to catch its breath and intensive farming is irreparably altering its functioning.

 

La faute aux consommateurs ? Une confiance qui mène à la défiance.

Vous n’êtes pas les méchants dans cette histoire. L’augmentation des maladies et les conséquences écologiques désastreuses liées à notre alimentation ne peuvent être imputées qu’aux consommateurs. Trop d’informations nous échappent et nous perdent : l’orientation, la provenance de l’offre, le marketing, la visibilité sur la qualité nutritionnelle des produits. Ce sont les industries agroalimentaires qui influencent notre alimentation en agissant sur toutes ces variables. Plus précisément, la force de frappe marketing dont disposent les grands groupes leur permet de structurer nos habitudes alimentaires et d’influencer nos choix. Le 28 octobre 2020, l’ANIA (association nationale des industries alimentaires) a adressé une lettre au gouvernement demandant l’interdiction de promouvoir à la télévision des produits trop gras, trop sucrés, trop salés, aux jeunes enfants. De sages paroles qui n’ont malheureusement pas été prises en compte face à un secteur invulnérable. La puissance financière de l’industrie agroalimentaire, dont le chiffre d’affaires s’élevait à 167 milliards d’euros en 2019, rend impossible la régulation de ce type de publicité par une autorité comme le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel). En plus des spots publicitaires, le travail marketing autour de certains produits trompent la vigilance des consommateurs. La surcharge d’étiquettes et le green washing (méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique) récurrent désinforment les consommateurs sur l’engagement écologique ainsi que sur la qualité du produit. En mai 2020, la Commission européenne avait annoncé, l’adoption avant la fin de l’année 2022 d’un étiquetage nutritionnel harmonisé obligatoire sur le devant des emballages, mais de grands groupes industriels continuent aujourd’hui à s’opposer à son application. Si les industriels influencent nos choix, il arrive aussi, qu’ils nous fassent culpabiliser. En effet, faire porter la responsabilité du désastre écologique aux consommateurs : voici la stratégie développée par les industriels pour ne pas avoir à se confronter aux problèmes qu’eux même créent. C’est le cas notamment avec le plastique. Depuis qu’il est devenu une préoccupation majeure qui attire l’attention des scientifiques, des politiques et d’une part grandissante de la population, les industriels ne peuvent plus se montrer indifférents à un sujet qui les met directement en cause. En effet, une très grande partie des aliments industriels sont contenus dans des emballages plastiques causant de lourdes répercussions sur l’environnement. Toutes les deux secondes, une tonne de plastique est déversée dans les mers. D’ici 2050, certains experts estiment qu’on trouvera plus de particules de plastique que de poissons dans l’ensemble des océans terrestres. Il est bien moins coûteux et bien plus commode pour les industriels de déplacer l’attention vers les consommateurs et la responsabilité individuelle en matière de déchets que de modifier leurs pratiques de production et d’emballage. Ainsi, il n’est pas étonnant que certains industriels soutiennent des campagnes de sensibilisation anti-déchets partout en Europe ciblant la mauvaise gestion du plastique plutôt que sa production. Des entreprises comme Coca-Cola ou encore Danone continuent de financer des ONG (organisation non-gouvernementale) dont l’objet est d’organiser des événements de ramassage de déchets pour pointer l’incivilité individuelle. Ces entreprises doivent pourtant être tenues responsables des conséquences sanitaires et environnementales de l’alimentation industrielle dont ils font la promotion.

Et si nous, consommateurs avertis, nous trouvions des solutions ?

Des solutions existent, mais elles sont radicales, car elles impliquent de profonds changements au niveau mondial et tout particulièrement au sein des gouvernements, des accords de commerce et de l’industrie agroalimentaire. L’alimentation écologique est souvent mise en avant par les experts. C’est un modèle alternatif à la production de masse qui s’inscrit dans la durabilité et qui englobe tout le système alimentaire engendrant des retombées positives pour nous et notre environnement. Privilégier la diversité et les végétaux, éviter les produits transformés, passer par des circuits de distribution courts, favoriser le commerce équitable, acheter moins, mais mieux, beaucoup de solutions existent pour faire barrage à la médiocrité de l’alimentation industrielle. Nous pouvons, en privilégiant certains produits plutôt que d’autres, en adaptant nos achats et notre consommation à nos réels besoins, en limitant le gaspillage alimentaire, réduire les impacts de l’alimentation sur l’environnement. Aucun levier n’est plus puissant que l’alimentation pour optimiser dans le futur la santé humaine et la durabilité de notre environnement. Aujourd’hui, la confiance que nous octroyions dans le passé est rompue. Le changement a certes un coût, mais la santé humaine et planétaire n’a pas de prix. short distribution channels, favouring fair trade, buying less but better, many solutions exist to stop the mediocrity of industrial food. We can reduce the impact of food on the environment by choosing certain products over others, by adapting our purchases and consumption to our real needs, and by limiting food waste. No lever is more powerful than food to optimize human health and the sustainability of our environment in the future. Today, the confidence we had in the past is broken. Change comes at a cost, but human and planetary health is priceless.

Écrit par Maeva Ortega